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Encéphalopathies

Publié le 05 mar 2025Lecture 3 min

L'encéphalopathie traumatique chronique : une maladie sous surveillance

Odile MOLY, Toulouse

L'encéphalopathie traumatique chronique (ETC) est une pathologie neurodégénérative associée aux traumatismes crâniens répétés. Longtemps restée méconnue, cette maladie suscite aujourd’hui un intérêt croissant, notamment dans les milieux sportifs. Alors que le Royal College of Pathologists of Australasia reconnaît officiellement le lien causal entre les impacts répétés à la tête et le développement de l’ETC, les efforts de diagnostic et de prévention s’intensifient.

L’ETC est une tauopathie progressive, caractérisée par l’accumulation de protéines tau phosphorylées dans certaines zones du cerveau. Contrairement à d’autres pathologies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer, l’ETC ne peut être diagnostiquée de manière fiable qu’après la mort, par une analyse neuropathologique. Cette situation complique la prise en charge des patients durant leur vie et retarde la mise en place de stratégies thérapeutiques adaptées. Les recherches récentes menées par l’Australian Sports Brain Bank ont permis de mieux comprendre la répartition des lésions cérébrales caractéristiques de l’ETC. Ces lésions se retrouvent notamment au niveau des sillons corticaux, où s’accumulent des agrégats de p-tau autour des vaisseaux sanguins. Cette localisation permet de distinguer l’ETC d’autres maladies neurodégénératives, mais le diagnostic demeure complexe en raison des comorbidités fréquentes, notamment chez les patients âgés.   Une reconnaissance croissante et des enjeux de santé publique L’implication des pathologistes et des institutions médicales est essentielle pour établir des critères diagnostiques plus précis. Le Royal College of Pathologists of Australasia a récemment appelé à une meilleure intégration des antécédents de traumatismes crâniens dans les dossiers médicaux. Cette initiative vise à identifier plus tôt les individus à risque et à encourager des investigations neuropathologiques plus systématiques en cas de décès suspect. En effet, l’ETC est principalement observée chez les athlètes pratiquant des sports de contact (football américain, rugby, boxe), ainsi que chez les vétérans militaires exposés à des explosions répétées. L’âge précoce auquel les joueurs commencent ces activités semble être un facteur de risque majeur, renforçant ainsi la nécessité de réguler les pratiques sportives dès le plus jeune âge. Dans certains pays, des mesures ont déjà été mises en place pour limiter les impacts crâniens répétés. Par exemple, au Royaume-Uni, les jeunes footballeurs de moins de 12 ans ne sont plus autorisés à effectuer des têtes durant les entraînements. En Australie, des recommandations similaires sont en discussion, notamment pour limiter les entraînements en contact dans le rugby. En conclusion, l’identification de l’ETC chez les athlètes professionnels et amateurs australiens met en lumière le rôle essentiel de la neuropathologie dans la médecine du XXIe siècle. Cette discipline est fondamentale pour explorer l’ensemble des maladies associées à la démence et aux troubles neurologiques, qui pèsent lourdement sur les systèmes de santé. Elle contribue également à l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques. L’ETC illustre l’importance des (neuro)pathologistes dans la détection des pathologies émergentes, la compréhension de leur prévalence et de leurs liens cliniques, ainsi que dans l’élaboration des futures politiques de santé publique.

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