Publié le 29 mar 2009Lecture 3 min
Dopamine et motivation
Mathias Pessiglione
Pour les neurosciences cognitives, la motivation désigne l’ensemble des processus traduisant l’espérance de récompense en comportement.
Parmi les effets comportementaux des récompenses espérées, on peut distinguer : - l’énergisation (faire plus d’effort quand il y a plus de récompense en jeu) ; - l’orientation (choisir l’alternative qui maximise l’espérance de récompense) ; - l’apprentissage (répéter les actions ayant apporté plus de récompense que prévu). Afin d’étudier ces processus, plusieurs paradigmes expérimentaux ont été mis au point : paradigmes d’effort sur incitation, pour mesurer l’effet d’énergisation, et d’apprentissage instrumental, pour mesurer les effets d’orientation et d’apprentissage. Les études en IRM fonctionnelle ont montré que les deux types de paradigmes font appel aux régions ventrales des ganglions de la base, en lien avec les structures dopaminergiques du mésencéphale. Les processus mis en jeu sont relativement primaires et ne requièrent pas de contrôle conscient car on peut les déclencher même lorsque les indices annonçant les récompenses sont présentés de manière subliminale. Dans les paradigmes d’incitation sur effort, il a été observé chez les patients parkinsoniens que les récompenses gardaient un certain impact sur le degré d’effort fourni. De plus, cet effet d’énergisation restait corrélé aux réactions émotionnelles reflétées sur la conductance cutanée, contrairement à ce qu’on observe dans les cas sévères d’apathie ou de dépression. Le degré d’effort fourni pour obtenir les récompenses n’était cependant pas influencé par les traitements, qu’il s’agisse de médication dopaminergique, ou de stimulation cérébrale profonde. Dans les paradigmes d’apprentissage instrumental, un effet des traitements dopaminergiques est en revanche observé. Les patients sans traitement s’avèrent meilleurs pour apprendre sous renforcement négatif (au bâton) que positif (à la carotte), alors qu’ils présentent les performances inverses lorsqu’ils sont traités par L-Dopa. Dans le cas d’un apprentissage subconscient, cette double dissociation a pu être répliquée chez le patient parkinsonien. Et il a été obtenu une double dissociation en miroir chez des patients atteints d’un syndrome de Gilles de la Tourette. A noter que ces derniers patients présentaient un meilleur apprentissage sous renforcement positif en l’absence de traitement, et un meilleur apprentissage sous renforcement négatif, lorsqu’ils étaient traités par neuroleptique. Ainsi, la dopamine ne paraît pas intervenir dans l’énergisation, mais dans le renforcement des comportements apportant plus de récompense que prévu. Le renforcement pourrait faciliter la sélection du comportement adapté lorsque le même contexte se représente. Des perturbations de ce mécanisme pourraient expliquer les troubles de la motivation observés à la suite de maladies ou de traitements affectant le système dopaminergique.
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