Faut-il aussi avoir peur du porc en neurologie ?

D’emblée, rassurons les éleveurs : pas d’inquiétude ni pour eux, ni pour les consommateurs. Il n’en est pas de même pour une autre affection, exceptionnelle, que nous avons découvert à Seattle, au cours de l’édition 2009 du congrès de l’AAN, et qui a pris pour cible… certains travailleurs américains du porc. En fait cette pathologie a été identifiée en 2007 chez des sujets dont le travail très particulier consistait à « débarrasser » les organes, et notamment le cerveau, des carcasses de porc en utilisant une espèce de pistolet à air comprimé. Ces personnes auraient été ainsi exposées à un aérosol de cerveau de porc ! (vive le progrès..). Les signes initiaux de la maladie étaient une fatigue, une difficulté à la marche et des douleurs. Le bilan clinique et électrophysiologique a permis de conclure à une polyradiculonévrite. JA Tracy et coll. ont présenté l’évolution de 24 de ces patients d’âge médian de 32,5 ans (dont 19 étaient d’origine hispanique). Les résultats montrent que l’évolution a été favorable après arrêt de l’exposition et que les malades semblent avoir répondu aux différents traitements immunologiques. Certains ont toutefois continué de se plaindre de céphalées et de douleurs des extrémités. La physiopathologie de cette affection se précise car les chercheurs ont identifié un nouvel auto-anticorps. La cause très particulière de cette polyradiculonévrite laisse espérer que des mesures simples vont entraîner sa disparition. Toutefois, cette histoire mérite d’être connue par les spécialistes de médecine du travail, de santé publique, mais aussi par tous ceux qui s’intéressent à la neurologie de l’environnement, nouvelle discipline malheureusement pleine d’avenir.