Publié le 10 sep 2009Lecture 2 min
Intoxiquée par… sa prothèse de hanche !
Dr Roseline Péluchon
L’histoire de cette femme n’est heureusement pas banale. Cette patiente de 58 ans se présente aux urgences avec un déficit neurologique associant cécité, surdité rétrocochléaire et polyneuropathie. L’examen neurologique attentif révèle une atteinte sélective bilatérale des paires crâniennes II et VIII et une atteinte sensitivo-motrice périphérique modérée.
La biologie ne montre qu’une légère augmentation des marqueurs de l’inflammation. L’IRM cérébral révèle une hyperdensité des nerfs optiques, et l’EMG une diminution d’amplitude au niveau des membres inférieurs. L’étude des potentiels évoqués auditifs du tronc cérébral montre une absence de réponse, et des réponses corticales irrégulières à la stimulation visuelle. La patiente avait subi quelques semaines auparavant une révision de sa prothèse de hanche gauche, ce qui mit sur la piste un médecin particulièrement inspiré. Des dosages de cobalt furent alors effectués dans les urines et le sang, donnant des valeurs extrêmement élevées (1 187 microg/l dans les urines pour une norme de 0,1-0,5 microg/l, et 549 microg/l dans le sang pour une norme de 0,05-2,7 microg/l). Le rôle sur l’organisme du cobalt ou des alliages cobalt-chrome, utilisés dans les prothèses, n’est pas parfaitement établi. L’on connaît toutefois certains effets toxiques du cobalt, comme les symptômes respiratoires déclenchés par l’inhalation de poussières chargées en cobalt et quelques effets systémiques. Mais il n’existe que peu de littérature concernant la toxicité neurologique. L’exemple de cette patiente montre pourtant que ces effets ne sont pas négligeables. Cependant, le mécanisme exact de cette toxicité est encore inconnu. Certains travaux in vitro ont suggéré que les mitochondries pourraient être la cible privilégiée de la toxicité du cobalt, par effet hypoxie-like, ce que paraît confirmer cette observation. En effet, l’examen clinique de cette patiente ressemblait à ce que l’on observe dans certaines cytopathies mitochondriales. Les auteurs suggèrent que d’autres études soient menées, pour confirmer le rôle central que pourraient jouer les mitochondries dans la toxicité au cobalt.
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