Neurostimulation électrique transcutanée : « est-ce bien raisonnable ? »

Elle consiste à stimuler le nerf tibial postérieur via une électrode posée sur la peau en région périmalléolaire interne. Michel Queralto et ses collaborateurs de Toulouse nous avaient déjà montré qu’elle pouvait s’avérer efficace dans l’incontinence anale « idiopathique » (Int J Colorectal Dis 2006 ; 21 : 670-2). Ils nous ont présenté leurs résultats chez 21 patients, d’âge médian 57 ans, ayant une incontinence avec un défect du sphincter externe. Et ces défects, mesurant entre 40° et 110° en endosonographie, auraient pu relever d’une réparation chirurgicale. Pourtant, 57 % des patients ont rapporté une diminution de leurs épisodes d’incontinence et une amélioration de leur qualité de vie. De surcroît, ils ont préféré poursuivre le traitement que de subir une réparation chirurgicale et ce, avec un recul médian de 21 mois. En bref, il semblerait qu’on puisse essayer la TENS en première intention en cas d’incontinence anale liée à un défect du sphincter externe. Cependant, cette étude n’était pas contrôlée et n’a concerné qu’un effectif limité. En outre, la durée du traitement reste à déterminer (il n’est pour l’instant remboursé que durant les 6 premiers mois). Mais l’auteur a rassuré la salle en concluant sur cet aphorisme d’Albert Einstein : « La théorie, c’est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c’est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. ».