Publié le 26 nov 2024Lecture 3 min
Imagerie du système nerveux central : des précautions à prendre chez la femme enceinte
Karelle GOUTORBE, Reims
Les examens d’imagerie chez la femme enceinte sont souvent redoutés des radiologues. Mais quels sont exactement les points de vigilances à connaître ? Décryptage avec le Pr Myriam Ejlali-Goujon (Paris), lors du 47e congrès de la Société européenne de neuroradiologie (ESNR).
L’IRM et le scanner peuvent généralement être réalisés chez la femme enceinte, mais des précautions s’avèrent nécessaires. Il convient d’en informer la patiente.
IRM : quels risques redouter ?
Au second et au troisième trimestre de grossesse, l’exposition à l’IRM ne pose aucun risque connu pour le fœtus. Selon une large étude parue en 2016(1), elle ne serait pas non plus associée à un risque nocif accru pour le fœtus ou dans la petite enfance, lors du premier trimestre. Néanmoins, une consultation avec un radiologue s’impose avant la réalisation de l’IRM. En effet, un petit nombre d’essais ont mis en évidence de possibles effets tératogènes en début de grossesse. La migration cellulaire pourrait éventuellement être affectée. Ainsi, la prudence reste nécessaire lors du premier trimestre.
Par ailleurs, des dommages acoustiques sont suspectés. En effet, de forts bruits sont générées par les vibrations des bobines de l’IRM, soumises à des courants électromagnétiques oscillants, tout particulièrement en cas d’imagerie écho-planaire (EPI). Enfin, la déposition d’énergie et l’échauffement des tissus sont à prendre en compte. L’application d’impulsions radiofréquences durant les séquences d’acquisition provoque une transmission d’énergie dans les tissus, qui peut conduire à un échauffement. Cette déposition d’énergie est mesurée par le débit d’absorption spécifique (DAS), aussi appelé SAR (specific absorption rate). Selon les recommandations américaines de la Food and Drug Administration (FDA), le DAS maximal est de 4 W/kg pour une imagerie corps entier. A cette limite maximale, la température corporelle peut augmenter de 0,6 °C pendant 20 à 30 minutes d’examen. « Il faut privilégier un faible champ magnétique à 1,5 Tesla, un examen plus court, et ajuster les séquences », ajoute le Pr Myriam Ejlali-Goujon (Paris).
Éviter le gadolinium
« L’IRM avec des produits de contraste à base de gadolinium doit être limitée et réalisée uniquement en cas d’amélioration significative des performances diagnostiques », précise le Pr Ejlali-Goujon. Dans l’étude de 2016 parue au JAMA(1), l’IRM au gadolinium au cours de la grossesse était associée à un risque accru de troubles rhumatologiques, inflammatoires, d’infections cutanées infiltrantes, de fausses couches et de décès néonataux. Concernant l’allaitement, il ne doit pas être interrompu après l’administration de gadolinium.
Cependant, il existe des alternatives au gadolinium. En effet, il est possible de recourir à d’autres techniques d’IRM : contraste de phase, perfusion par marquage de spins artériels (ASL), séquence 3D T1 FSE.
Scanner : privilégier les faibles doses
Les doses de radiations reçues lors d’un scanner sont généralement bien inférieures à celles associées à une exposition nocive pour le fœtus. Plus facilement disponibles, les scanners cérébraux ne devraient donc pas être refusés aux patientes enceintes. Cependant, le concept ALARA peut être appliqué. Ce principe de précaution consiste à « toujours utiliser des doses aussi faibles que raisonnablement possible », explique le Pr Ejlali-Goujon. Justifiées en cas d’indication clinique, les procédures de scanner avec une faible dose fœtale, appliquée au-dessus du diaphragme ou en dessous des genoux, présentent un risque minime d’induction de cancer chez l’enfant (< 1/10 000-100 000). Concernant les produits de contraste iodé, une injection intraveineuse peut être réalisée si nécessaire. Néanmoins, les bébés avec une hypothyroïdie néonatale, lors de leur première semaine de vie, devront recevoir un suivi particulier.
Des variations neuroanatomiques pendant la grossesse
Selon une récente publication(2), la grossesse serait une remarquable période de neuroplasticité, révélant la capacité du cerveau à subir des adaptations et des changements neuroanatomiques hormonodépendants. Elle serait caractérisée par des réductions marquées du volume de matière grise et de l'épaisseur corticale dans tout le cerveau, avec à l’inverse des augmentations de l'intégrité microstructurelle de la matière blanche, du volume des ventricules et du liquide céphalorachidien (figure).
Figure.
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