Publié le 05 mar 2025Lecture 3 min
Les cellules CAR-T : une révolution en marche pour les maladies neurologiques
Anne CHOUBERT, Paris

Le traitement par cellules CAR-T (Chimeric Antigenic Receptor-T) ou CAR-T cells a bouleversé la prise en charge des cancers hématologiques. Aujourd’hui, cette approche suscite un intérêt croissant dans le domaine de la neurologie, notamment pour le traitement des tumeurs cérébrales et des maladies auto-immunes du système nerveux central. Si les premiers résultats sont prometteurs, de nombreux défis restent à relever pour optimiser l'efficacité et la sécurité de cette approche innovante.
Un espoir pour les tumeurs cérébrales
Les glioblastomes représentent l'un des défis majeurs en oncologie, avec un pronostic extrêmement sombre. La stratégie des cellules CAR-T, qui consiste à modifier génétiquement les lymphocytes T du patient pour les rendre capables de cibler spécifiquement les cellules tumorales, a montré des résultats encourageants. Des essais cliniques ont testé différents antigènes cibles, notamment IL-13Rα2 et EGFRvIII, mais la complexité de la tumeur et son hétérogénéité limitent encore leur efficacité. Par ailleurs, les premiers essais cliniques sur l'humain n'ont pas apporté de succès majeur, ou seulement un succès limité sur un sous-groupe de patients. L'une des difficultés réside dans la capacité des cellules tumorales à déjouer le système immunitaire et à créer un microenvironnement immunosuppresseur. Pour contourner ces obstacles, des stratégies innovantes sont en développement, notamment des modifications moléculaires avancées visant à améliorer la pénétration et la persistance des cellules CAR-T dans le tissu tumoral.
Vers de nouvelles solutions pour les maladies auto-immunes
Au-delà des tumeurs, les cellules CAR-T ouvrent des perspectives pour les maladies auto-immunes neurologiques. Des études précliniques et cliniques suggèrent que cette stratégie pourrait être efficace dans la sclérose en plaques, la neuromyélite optique et la myasthénie gravis. L’idée est d’utiliser ces cellules modifiées pour éliminer précisément les lymphocytes B pathogènes producteurs d’auto-anticorps, tout en préservant les autres composants du système immunitaire. Des succès ont été observés dans les essais de traitement des patients atteints de neuromyélite optique réfractaire aux thérapies conventionnelles. Par ailleurs, des résultats encourageants ont été obtenus avec des cellules CAR-T ciblant l’antigène BCMA chez des patients atteints de myasthénie gravis. De plus, une version spécifique des cellules CAR-T, appelée cellules CAR auto-anticorps (chimeric autoantibody receptor T cells), a été conçue pour cibler de manière sélective les lymphocytes B producteurs d’auto-anticorps anti-NMDA (anti-N-méthyl-D-aspartate), ouvrant ainsi la voie à des applications pour d'autres types d'encéphalites auto-immunes associées à des anticorps neuronaux ou gliaux. Toutefois, des études de plus grande ampleur sont nécessaires pour confirmer ces résultats et mieux comprendre les risques associés à l’utilisation des cellules CAR-T dans ces indications.
En conclusion, les cellules CAR-T marquent une étape majeure dans l’immunothérapie des maladies neurologiques. Si leur succès dans les cancers hématologiques est avéré, leur application aux pathologies du système nerveux central n’en est qu’à ses débuts. L’optimisation des protocoles, l’amélioration de la sélectivité des cibles et la maîtrise des effets secondaires représentent les prochains défis à relever. Malgré les difficultés rencontrées dans les tumeurs solides comme le glioblastome, des stratégies innovantes pourraient permettre d’améliorer l'efficacité de ces thérapies. Par ailleurs, les avancées récentes dans la conception de cellules CAR-T dirigées contre des lymphocytes B pathogènes offrent un espoir réel pour les maladies auto-immunes neurologiques. L'avenir de cette thérapie pourrait ainsi redéfinir la prise en charge de nombreuses maladies neurologiques actuellement sans solution curative.
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