Publié le 23 nov 2008Lecture 3 min
Recherche clinique dans l’Alzheimer : vers une révision de la méthodologie
Dr Laurence Hugonot-Diener (Medforma-Paris)
Il est actuellement difficile de mettre en évidence les effets bénéfiques des traitements anti-Alzheimer car les sujets inclus dans les essais cliniques sont à des stades trop avancés de la maladie. Une révision des critères diagnostiques est ainsi proposée par le Professeur Bruno Dubois.
Les critères diagnostiques de la maladie d’Alzheimer NINCDS-ADRDA (National Institute of Neurological and Communicative Disorders and Stroke- the Alzheimer's Disease and Related Disorders Association) sont actuellement les critères standard utilisés en recherche. Ils sont cependant « dépassés » par l’état actuel des connaissances scientifiques. Ces critères ont en effet été validés par rapport aux atteintes anatomopathologiques et ils ne permettent pas de poser le diagnostic à un stade précoce. Ils ont une sensibilité comprise, selon les études, entre 65 et 96 %, et leur spécificité est mauvaise vis-à-vis des autres démences (de 23 à 88 %). Par ailleurs, ils ne tiennent pas compte spécifiquement des profils mnésiques des patients et ne font pas référence aux biomarqueurs. La révision de ces critères permettrait de diagnostiquer la maladie dès les stades les plus précoces, en changeant le seuil du diagnostic, avant la survenue d’un tableau clinique complet de la maladie, c’est-à-dire la constitution d’une démence. Ceci devrait être valable pour les principaux types de maladies entraînant une démence et dont le stade prodromique pourrait être identifié. Pour l’instant, ces stades précoces sont étiquetés « MCI mnésique » ou « MCI multiple domaine » en attendant une altération des capacités fonctionnelles. Ce qui revient à faire le diagnostic en deux étapes. Ces nouveaux critères sont centrés sur le trouble de la mémoire épisodique (avec un test de Rappel Libre et Rappel Indicé) et s’appuient sur au moins un des autres examens proposés : IRM cérébrale, PET (Positron emission tomography) ou SPECT (Single photon emission computed tomography), ou taux de ß-amyloïde dans le LCR, et bientôt dans le sang. Ces critères, qui doivent être validés, permettront de mieux évaluer les médicaments en développement dans la MA à un stade où les patients ne présentent pas encore d’altération fonctionnelle. Discussion : Cette nouvelle démarche diagnostique semble aujourd’hui consensuelle en recherche clinique. Cependant, elle n’est pas encore utilisable en pratique clinique quotidienne, et encore non accessible en ville, bien qu’il existe une méthode et un logiciel permettant de mesurer le volume de l’hippocampe à l’ IRM. Par ailleurs, on peut se demander quel est l’intérêt de stigmatiser très tôt un patient en lui « collant cette étiquette » tant qu’il ne peut pas encore bénéficier d’un traitement changeant le cours de sa maladie ?
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