Publié le 30 sep 2010Lecture 2 min
La magnétoconvulsivothérapie appelée à remplacer l’électroconvulsivothérapie en cas de dépression majeure ?
Dr Dominique-Jean Bouilliez
Stigmatisante, la dépression majeure guérit rarement sans séquelle tout en récidivant fréquemment. Devant la persistance de cette affection chez plus d’un tiers des malades, plusieurs techniques alternatives ont été développées. Parmi celles-ci, l’électroconvulsivothérapie (ECT) dont les bases ont été posées par Guillaume Duchenne de Boulogne au XIXème siècle. Efficace dans un cas sur deux en cas de dépression résistante au traitement, cette technique a l’inconvénient majeur d’entraîner des troubles cognitifs importants dans près de 50 % des cas. Ce qui a suscité des recherches vers d’autres techniques moins stigmatisantes.
La magnétoconsulsivothérapie (MCT) est l’une de ces techniques. Basée sur la génération de convulsions, sous anesthésie, par impulsions magnétiques sur un territoire cérébral limité, elle devrait en principe engendrer moins de troubles cognitifs que l’ECT comme cela a été démontré sur des modèles animaux. Après un premier essai clinique chez l’homme réalisé en 2000, les données disponibles en 2008 montrent que la MCT permet une réorientation et un retour à la réalité nettement plus rapide qu’en cas d’ECT. Elle semble aussi posséder un effet antidépresseur significatif si l’on en croit l’essai clinique présenté par Sarah Kayser (Bonn) en session plénière. Comparée à l’ECT (n = 10 ; 12 séances), la MCT (n = 10 ; 12 séances) apporte une efficacité similaire sur les scores Montgomery-Åsberg Depression Rating Scale (MADRS) et Hamilton Depression Rating Scale (HDRS28), sans modifications cognitives, et avec un retour à la réalité dès la première minute, alors que les modifications EEG observées sont de même intensité que sous ECT. La MCT a cependant l’inconvénient de ne pouvoir être utilisée lorsque du matériel implantable se situe à proximité. Son efficacité est telle que 4 études sont en cours afin de répondre à plusieurs questions : quelle est l’efficacité de la MCT à moyen et à long terme ? Engendre-t-elle des modifications biologiques ? En particulier sur le BDNF ? Peut-on l’utiliser en tant que technique neuromodulatrice ?
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