Publié le 29 sep 2010Lecture 2 min
Quand interdire la conduite automobile ?
Dr Charles Gouraud
Le principe de sécurité nous impose de limiter, voire d’interdire, la conduite automobile chez un certain nombre de patients ayant une maladie d’Alzheimer (MA). Mais à partir de quand, et sur quels arguments, doit-on envisager de prendre cette décision parfois mal vécue par les patients ? L’évaluation du risque d’accident est particulièrement difficile dans certaines situations et les praticiens de proximité n’ont pas à leur disposition d’outils validés. Le « must » consiste en l’utilisation de simulateurs de conduite ou d’un test de conduite réelle sur circuit fermé qui permet à un moniteur d’auto-école d’évaluer les réactions des patients. La disponibilité de ce type d’outils restant confidentiel, plusieurs équipes travaillent sur l’exploitation des données des tests cognitifs. Une équipe américaine a corrélé les résultats des données issues d’auto-questionnaires fonctionnels et de test cognitifs simples aux résultats d’un test de conduite sur route chez 102 patients. Ils ont utilisé le questionnaire AD8 (autoévaluation rapide des capacités mnésiques et attentionnelles en 8 questions), le Functional Assessment Questionnaire (FAQ), le test de l’horloge, et le Trail making A et B. L’ensemble des tests durait 6 minutes.
Au total, 102 participants remplissaient les critères d’inclusion. Soixante-cinq pour cent des sujets ont échoué au test de conduite, 20 % avaient eu un accident dans l’année précédente et 35 % étaient considérés par leur proche comme mauvais conducteurs. Après analyse statistique, 68 % de la variance était expliquée par les résultats des tests exécutifs, attentionnels, vitesse psychomotrice et tests fonctionnels. Après analyse en régression logistique, les modèles prédictifs incluant AD-8 (odds ratio [OR] = 1,4), le CDT-F (OR = 1,6), et Trailmaking B (OR = 1,0) permettaient de classer correctement 78 % des patients. Ces auteurs considèrent donc que cette approche est suffisante en pratique quotidienne. Leur conclusion peut être discutée. En effet, la décision d’arrêt de la conduite automobile posant problème dans un faible pourcentage de cas en raison de l’anosognosie des patients, il n’est pas utile d’économiser du « temps médecin » pour prendre cette décision importante pour le patient. Il nous paraît plus utile dans ce cas de consacrer du temps et d’être le plus exhaustif avant de prendre une décision arbitraire. Par contre, une grille d’évaluation succincte peut être utile dans le cas du parcours de soins du patient Alzheimer.
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