Publié le 20 aoû 2009Lecture 3 min
Sommes-nous loin d’une réduction du risque suicidaire chez les patients atteints de troubles bipolaires ?
Dr Bruno Etain
Le risque suicidaire représente une problématique majeure des troubles bipolaires. En effet, on estime que le risque de décès par suicide est 30 à 60 fois supérieur à celui observé en population générale. Le suicide est une cause de décès chez 15 % à 20 % des patients. Le risque de tentatives de suicide concerne plus d’un patient sur deux.
Identifier les facteurs de risque suicidaire chez les patients pourrait permettre d’adapter les stratégies de prévention afin de diminuer significativement, à la fois le risque de tentatives de suicide et celui de décès par suicide. Ces facteurs de risque sont principalement de trois types et interagissent entre eux : les facteurs génétiques, les facteurs environnementaux et les facteurs liés au trouble bipolaire lui-même. Sur le plan génétique, il existe une vulnérabilité familiale aux tentatives de suicide. Il convient donc de rechercher les antécédents de conduites suicidaires et de décès par suicide parmi les apparentés de premier degré (parents, fratrie, descendance). S’il existe des apparentés de premier degré concernés par les conduites suicidaires, le risque pour le patient lui-même sera augmenté du fait d’une vulnérabilité familiale. Les facteurs de risque environnementaux comprennent essentiellement les facteurs de stress récents (qu’il faudra repérer), mais également les facteurs de stress plus anciens comme par exemple les antécédents de traumatismes subis durant l’enfance. Il est en effet suggéré par plusieurs études que le risque de tentative de suicide est associé aux antécédents d’abus (émotionnels et sexuels) subis par le sujet dans son enfance. Le repérage de ce type de facteur de risque peut être utile afin d’identifier un patient à risque. Certaines périodes de la maladie bipolaire seraient particulièrement à risque de conduites suicidaires. Le risque serait plus élevé durant la première année de maladie, sachant qu’il faut entre 5 et 10 ans pour que les patients reçoivent un diagnostic, puis un traitement adapté. Un meilleur repérage des troubles bipolaires pourrait donc aider à diminuer ce risque. Certaines phases de la maladie sont également plus particulièrement à risque avec des conduites suicidaires plus fréquentes durant les épisodes dépressifs majeurs, mais aussi durant les états mixtes ou en fin d’épisodes maniaques. Enfin, les comorbidités observées dans les troubles bipolaires comme les troubles anxieux ou les conduites addictives seraient associées à une augmentation du risque suicidaire. Un dépistage et une prise en charge systématiques de ces comorbidités doivent donc être envisagés. La réduction du risque suicidaire passe donc par un meilleur repérage de la pathologie, de ses comorbidités, des antécédents familiaux, des facteurs de stress anciens et récents. Les stratégies thérapeutiques peuvent être adaptées et comprennent notamment une prise en charge des comorbidités et un traitement agressif des épisodes dépressifs. La stratégie de prévention des rechutes pourra notamment faire appel de manière préférentielle aux sels de lithium, puisque seul ce traitement a fait la preuve d’une réduction des tentatives de suicides et du décès par suicide chez les patients bipolaires.
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