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Tumeur

Publié le 24 oct 2024Lecture 3 min

Nouvelle classification des tumeurs hypophysaires : vers une approche multidisciplinaire

Karelle GOUTORBE, Reims

En combinant des données moléculaires et histopathologiques, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait paraître en 2021 la cinquième édition de la classification des tumeurs du système nerveux central, parmi lesquelles se trouvent celles de la région sellaire. Fondée sur de multiples critères, leur classification intègre une démarche pluridisciplinaire. Décryptage avec le Dr Chiara Villa lors du congrès de la Société européenne de neuroradiologie (ESNR).

Localisées entre la selle turcique et le plancher du troisième ventricule, les tumeurs de la région sellaire comprennent les craniopharyngiomes (CP), les tumeurs de l’hypophyse postérieure (THP) et les adénomes hypophysaires (AH). Au total, un profilage de méthylation de l’ADN a permis de différenciés huit sous-types tumoraux (deux de CP, les THP et cinq d’AH).   Craniopharyngiomes : un diagnostic complexe Les CP sont dissociés en deux sous-types de grade 1 : adamantinomateux (CPA) et papillaires (CPP). Les CPA sont des tumeurs épithéliales épidermoïdes mixtes, kystiques et solides, avec un réticulum stellaire et une kératine humide, généralement localisées sur l’axe hypothalamo-hypophysaire et caractérisées par les mutations activatrices de la β-caténine (CTNNB1). Quant aux CPP, ce sont des tumeurs épithéliales épidermoïdes non kératinisantes, solides ou partiellement kystiques, se développant dans la région infundibulotubérale du plancher du troisième ventricule, plus fréquentes chez les adultes, et caractérisées par les mutations BRAF PV600E. Dans ces CPP, de nouvelles perspectives thérapeutiques se développent avec les inhibiteurs de BRAF et de MEK. Néanmoins, le diagnostic reste difficile à poser par manque de spécificité de l’immunohistochimie BRAF. Afin de l’améliorer, un consensus français(1) a établi un algorithme histomoléculaire. Cette approche suggère également la réalisation d’un séquençage systématique, pour confirmer la présence d’un CPP avec mutation BRAF. Une autre difficulté du diagnostic différentiel de CPP est d’éliminer la présence d’un kyste fendu de Rathke (anomalie congénitale).   Tumeurs de l’hypophyse postérieure : une famille plurielle Il existe trois catégories de THP appartenant à une même famille : les pituicytomes, les tumeurs à cellules granuleuses et les oncocytomes à cellules fusiformes (figure 1). Ces néoplasmes circonscrits de bas grade émanent des pituicytes de l’hypophyse postérieure ou de l’infundibulum, et ont en commun l’expression du facteur 1 de transcription de la thyroïde (TTF-1). Néanmoins, ils différent d’un point de vue clinique, démographique, morphologique et histomoléculaire, ainsi qu’en termes de marqueurs tumoraux. Figure 1. ©ESNR 2024   Adénomes hypophysaires : des formes malignes ? Les AH, renommés tumeurs neuroendocrines pituitaires (PitNETs), sont les plus fréquemment retrouvés (prévalence jusqu’à 5 %). Ils proviennent d’une prolifération néoplasique clonale des cellules endocriniennes de l'hypophyse antérieure. Ils sont classés en cinq sous-types histologiques(2) : lactotrope (production de PRL, prolactine), somatotrope (sécrétion de GH, hormone de croissance), thyréotrope (TSH, hormone thyréotrope), corticotrope (ACTH, corticotropine) et gonadotrope (FSH et LH, hormones gonadotropes). Mais, « l’élément essentiel de cette classification est le concept selon lequel les PitNETs seraient des tumeurs malignes primaires, précise le Dr Villa (hôpital Pitié Salpêtrière, Paris). Ce point est toujours controversé ». Cependant, aucun grade OMS n’a été attribué. Ces tumeurs sont classées non seulement en fonction des sécrétions, mais aussi selon la différenciation des cellules tumorales hypophysaires. Ainsi, la classification utilise les facteurs de transcription hypophysaires pour dégager trois lignées tumorales : PIT1 (tumeurs lactotropes, somatotropes et thyréotropes), TPIT (corticotropes) et SF1 (gonadotropes). De plus, le recours à une classification pangénomique centrée sur le transcriptome(2), a permis de dégager huit groupes moléculaires distincts (figure 2). Mais pour le pronostic, le rôle de l’invasion et de la prolifération est également déterminant, afin d’identifier les tumeurs potentiellement agressives. Ainsi, une classification fondée sur une évaluation clinico-pathologique s’avère également pertinente(3). « Il est important de garder l’esprit ouvert et de collaborer à une approche multidisciplinaire, afin de mieux comprendre la physiopathologie de ces tumeurs », conclut le Dr Villa. Figure 2. ©ESNR 2024

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