Facteurs prédictifs d’évolution d’une forme bénigne de la SEP

Dans le but de détecter les signes neuropsychologiques et radiologiques (IRM) chez les patients porteurs de SEP bénigne (SEPB) susceptibles de prédire l’évolution de la maladie, E Portaccio et coll. ont réalisé une étude dans laquelle 63 patients porteurs de SEPB (définie par un score EDSS [Expanded Disability Status Scale] < 3 et une durée de la maladie > 15 ans) ont été inclus. Tous les patients ont été évalués à l’aide de la batterie de tests rapides de Rao et 46 ont eu une IRM cérébrale mesurant les volumes lésionnels en T1 (VLT1) et T2 (VLT2), les volumes cérébraux totaux et régionaux, ainsi que le taux de transfert magnétique (TTM). Ces paramètres IRM ont été comparés à ceux obtenus chez 24 volontaires sains (VS). Après un suivi de 5 ans (+/- 0,4), les patients ayant un score EDSS toujours < 3,5 ont alors été définis comme atteints de SEPB ; par contre ceux ayant un score EDSS > 4 ont été définis comme atteints de SEP non bénigne (SEPNB). Vers la fin de la période de suivi, 18 malades (29 %) ont été classés comme atteints de SEPNB. En analyse multivariée, le sexe masculin (odds ratio [OR]=3,1 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 1,2 à 7,9 ; p = 0,02) et la détérioration cognitive (échec à plus de 2 tests de Rao ; OR = 6,6 ; IC 95 de 1,9 à 23,5 ; p = 0,003) sons apparus être les principaux facteurs prédictifs d’une l’évolution vers une SEPNB. En ce qui concerne les paramètres IRM, les faibles volumes cérébraux (OR = 0,96 ; IC95 de 0,96 à 0,98 ; p = 0,004) et les VLT1 élevés (OR = 1,57 ; IC95 de 1,16 à 2,12 ; p = 0,003) ont également été associés à l’évolution vers une SEPNB. En associant le sexe, le DC et le VLT1 dans un score prédictif global, 75 % des patients ayant les scores de base les plus élevés ont évolués vers une SEPNB après la période de suivi. Cette étude a permis de montrer que chez les patients porteurs de SEPB, la DC et la présence de lésions importantes corticales et subcorticales à l’IRM sont liées à un risque élevé de transformation vers une forme non bénigne de la maladie à plus ou moins court terme. Une évaluation clinique, neuropsychologique et IRL pourrait donc aider à prédire plus précisément l’évolution de la forme « bénigne ».