Publié le 23 aoû 2009Lecture 3 min
Les agonistes dopaminergiques ont-ils un effet anti-dépresseur dans la maladie de Parkinson ?
Dr Christian Geny
Les symptômes non moteurs du Parkinson sont à la mode. De très nombreuses communications leur ont été consacrées au cours de ce congrès avec pour thèmes une meilleure définition de cette symptomatologie ou une évaluation de l’effet des thérapeutiques dopaminergiques sur celle-ci. Depuis plusieurs années, de nombreux auteurs ont en particulier signalé la fréquence importante des symptômes dépressifs et ceci dès les premiers stades de la maladie (7 à 10 %). Le risque de dépression sévère apparaît ainsi 2 fois plus important chez les patients parkinsoniens que chez d’autres malades présentant un niveau de handicap similaire.
Actuellement, Il n’existe aucune étude ni recommandations permettant d’orienter le choix des antidépresseurs sur ce terrain. Cependant, certains travaux ont suggéré une hypothèse dopaminergique pour expliquer la fréquence de la dépression chez le parkinsonien et des études préliminaires ont montré que le pramipexole, agoniste dopaminergique agissant préférentiellement sur les récepteurs D3, avait un effet sur les symptômes dépressifs . A ce congrès de Paris, Barone et al (Naples) ont cette fois présenté les résultats d’une étude multicentrique internationale randomisée en double aveugle comparant pramipexole et placebo. Les 296 patients inclus dans cette étude souffraient d’une MP, stade Hoehn et Yahr 1 à 3, n’étaient pas traités par des agonistes dopaminergiques et avaient des symptômes dépressifs [score > ou = 5 sur la Geriatric Depression Scale (15-Item GDS)]. Cent quarante-quatre d’entre eux ont reçu du pramipexole à la dose de 0,125 à 1,0 mg x 3/j après une titration de 5 semaines. Le score de dépression à l’inclusion était de 18,7 dans le groupe pramipexole et de 19,2 dans la groupe placebo (échelle de Beck : BDI) et de respectivement 8,4 vs 9,2 sur la GDS. Après 12 semaines, on constatait une diminution significative, dans le groupe traité, du score de dépression sur l’échelle BDI (p=0,0103) et la réduction moyenne du score GDS était de −2,5 vs −1,7 ( (p=0,0346). Le taux de bons répondeurs était significativement augmenté (27,3 % vs 18,4 %, pour un odds ratio ajusté de 1,76 (p=0,0535)). Il est tentant de considérer que cet effet sur les symptômes dépressifs était la conséquence de l’amélioration sur les signes moteurs induite par l’ajout de pramipexole mais la modification des symptômes dépressifs (score BDI) n’était pas corrélée à celle des symptômes moteurs (coefficient de corrélation 0,21 and 0,09). Le débat reste ouvert mais cette étude de qualité est la première à démontrer l’efficacité d’un agoniste dopaminergique sur la symptomatologie dépressive. Elle nous incite à prendre en compte les symptômes non moteurs dans nos choix thérapeutiques.
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