Publié le 06 oct 2011Lecture 3 min
Les anesthésies ont un effet très péjoratif sur l’évolution de la maladie d’Alzheimer
Dr Laurence Hugonot-Diener
Les troubles cognitifs comme le POCD (Post Operative Cognitive Impairment), ou la confusion sont les conséquences fréquentes d’une anesthésie chez les patients les plus âgés. Et, malgré les progrès réalisés dans la prise en charge péri-opératoire le POCD reste un problème majeur chez les patients atteints de maladie d’Alzheimer (MA). Plusieurs communications lors de ce congrès ont apporté des éléments démontrant les effets délétères des anesthésies générales par gaz sur les fonctions cognitives.
E. Planel et coll. ont recherché plus précisément l’impact de l’anesthésie sur 2 marqueurs de la MA en effectuant une revue de la littérature : l’accumulation de protéine bêta-amyloïde et la phosphorylation et l’agrégation d’une protéine tau aberrante. Les études réalisées in vitro et sur des modèles animaux montrent que l’exposition à des anesthésiques inhalés augmente le production de protéine bêta amyloïde et favorise la formation des plaques. De même elle provoque une hyperphosphorylation de la protéine tau et in vivo il a été démontré qu’elle majorait son agrégation. Les auteurs concluent en rappelant que toutes les études convergent vers un rôle direct ou éventuellement indirect (par l’hypothermie induite) des anesthésiques dans la pathogénie de la MA. E. Planel participe depuis 2009 à un groupe de travail international de consensus sur anesthésie et MA. Des études récentes sur des modèles animaux ont montré que l’anesthésie induisait une hyperphosphorylation de la protéine tau. H. Le Frèche et coll. ont voulu vérifier l’hypothèse selon laquelle l’anesthésie en induisant cette hyperphosphorylation augmentait les lésions neurofibrillaires dans l’hippocampe responsables du déclin cognitif. Pour ce faire, ils ont exposé de façon chronique des souris au sévoflurane (gaz anesthésiant) à des doses variables tout en maintenant leur température corporelle. Les résultats ont effectivement montré que des anesthésies répétées provoquaient une hyperphosphorylation persistante et une altération de la mémoire spatiale. En chirurgie cardiaque, on sait qu’un déficit cognitif post opératoire (POCD) apparaît chez 53 % des patients à leur sortie de l’hôpital et chez 42 % des patients 5 ans après. L’étude Antipodes a suivi pendant 5 à 7 ans après une chirurgie cardiaque 266 patients afin d’évaluer le risque d’évolution vers une maladie d’Alzheimer. Sur les 266 patients inclus, 111 ont pu être évalués. L’âge moyen des sujets était 67,2 ± 7,5 ans. Rappelons que le taux d’évolution vers une démence dans ce groupe d’âges dans la population générale est de 0,3 à 0,8 % par an. Les taux attendus étaient ainsi de 1,5 à 5,6 % de patients ayant évolué vers une démence après 5 à 7 ans. Or, dans cette étude concernant une population de patients ayant subi une chirurgie cardiaque, le taux de conversion a été de 30 %. L. Evered et coll. estiment que ces données devraient aider à la prise de décision thérapeutique dans les pathologies coronaires d’une part et d’autre part constituer un modèle pour les études thérapeutiques interventionnelles réalisées dans la maladie d’Alzheimer.
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