Publié le 20 oct 2009Lecture 3 min
Les traitements des migraineux marquent leur insatisfaction
Dr Roseline Péluchon
De nombreux traitements de la crise de migraine sont disponibles et pourtant c’est presque un lieu commun de dire que la migraine est une pathologie sous-traitée. Mais ne serait-elle pas plutôt mal traitée ? C’est en tous cas ce qui ressort d’une nouvelle série de travaux effectués aux Etats-Unis concernant les habitudes de plus de 13 000 migraineux. Difficile en effet de parler de sous-médicalisation alors que 91,7 % des patients souffrant de migraine prennent des médicaments lors d’une crise aiguë. Et s’ils sont 38,7 % à prendre une monothérapie, la majorité d’entre eux utilisent une polythérapie, associant AINS, antalgiques, triptans, mais aussi opiacés, barbituriques, isometheptène ou dérivés de l’ergot de seigle. Les patients se contentant d’une monothérapie choisissent le plus souvent des AINS (14 %), ou des antalgiques en automédication (10,5 %) et ils ne sont que 3,9 % à utiliser un triptan seul.
Attardons-nous un peu sur ces triptans, dont on peut dire que l’arrivée il y a quelques années a bouleversé la prise en charge de la crise migraineuse et amélioré la vie de nombreux migraineux. Malgré cela, force est de constater qu’aux Etats-Unis, le nombre de leurs utilisateurs n’a pas bougé au cours des 5 dernières années, restant aux environs de 4 millions, ce qui autorise à penser que, chaque fois qu’un nouveau migraineux est diagnostiqué et traité par un triptan, un autre abandonne son traitement ! Et si 18,3 % des migraineux utilisent un triptan, c’est, comme nous l’avons vu, rarement en monothérapie, le plus souvent associé à un autre médicament, voire 2 ou 3 autres, préférentiellement AINS, paracétamol ou aspirine. Une autre étude confirme cette insatisfaction, puisqu’elle révèle que 53,8 % des patients ne renouvellent pas une première prescription de triptan. Sachant qu’il n’y a pas d’effet de classe et que le changement d’un triptan par un autre peut être bénéfique, on peut s’étonner de constater que seulement 7,4 % de ces patients insatisfaits d’une première prescription « switchent » vers un autre triptan, alors que 67 % changent de classe thérapeutique et que 25 % abandonnent tout traitement ! Nul doute que des progrès sont à accomplir dans la prise en charge de cette maladie, source d’inconfort pour les patients et motif d’un important absentéisme et de baisse de productivité, comme le souligne l’une des très pragmatiques communications. Alors la migraine est sous-traitée peut-être, mais sûrement mal traitée pour des raisons qui sont certainement loin d’être univoques et qu’il pourrait être intéressant d’éclaircir.
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